SOCIETE
A la Une

Kolwezi : CASMIA-G ASBL salue l’engagement présidentiel sur l’exploitation minière artisanale, mais déplore l’inaction prolongée de l’État.

La 47e réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue pour la première fois à Kolwezi le 13 juin, a retenu l’attention de la société civile, notamment celle de CASMIA-G ASBL, une plateforme engagée dans la gouvernance du secteur minier artisanal. Dans une déclaration publique, l’organisation a salué la prise de position ferme du Président de la République sur la nécessité d’encadrer l’exploitation minière artisanale, tout en exprimant sa profonde préoccupation face à la lenteur des réformes concrètes.

La communication du Chef de l’État, qui a mis en lumière les dérives et les tensions dans ce secteur, rejoint les constats récurrents de la société civile, selon CASMIA-G. Toutefois, l’organisation se dit étonnée que ces réalités, connues et dénoncées depuis des années dans des rapports, réunions et alertes formelles, aient été longtemps ignorées ou minimisées par les autorités compétentes.

Un secteur en crise, de Kolwezi à l’Est du pays

L’exploitation minière artisanale traverse une crise généralisée, selon CASMIA-G, dans plusieurs provinces du pays : Haut-Katanga, Lualaba, Haut-Lomami, Tanganyika et l’Est du pays. Entre précarité, insécurité, illégalité et corruption, les conditions de travail des creuseurs artisanaux sont alarmantes.

« Sans thérapie de choc ni mesures audacieuses, la situation est appelée à empirer », alerte la plateforme. Elle dénonce notamment la présence des services techniques étatiques dans des concessions industrielles occupées illégalement, où ils perçoivent des taxes auprès des creuseurs, souvent avec la complicité tacite de l’État. Des sociétés telles que ERG, GLENCORE ou CMOC en seraient les principales victimes, avec des minerais extraits en plein jour et écoulés sous couvert de documents officiels.

Pour une régulation forte et responsable

CASMIA-G exhorte l’État à jouer pleinement son rôle de régulateur et appelle à une régularisation des sites artisanaux existants. L’organisation propose, entre autres, l’application de l’article 30, point E du Code minier, qui autorise la superposition de l’exploitation artisanale sur certaines concessions industrielles, sous conditions.

Elle recommande également la validation officielle des sites artisanaux déjà tolérés par les industriels et présentés par le gouvernement comme modèles, ainsi que l’utilisation des fonds du FOMIN pour conduire des études géologiques en vue de créer des Zones d’Exploitation Artisanale (ZEA) viables et durables.

EGC : un projet prometteur encore à l’arrêt

S’agissant de l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC), CASMIA-G reconnaît son importance stratégique pour le pays, mais s’interroge sur son efficacité. Malgré six ans d’existence, EGC n’a toujours pas exporté ni acheté un seul kilogramme de cobalt, un paradoxe pour un pays qui reste le premier producteur mondial de ce minerai stratégique.

L’organisation plaide pour un soutien politique fort et sincère à l’EGC, afin qu’elle puisse enfin jouer son rôle dans la régulation du secteur et la juste rémunération des exploitants artisanaux.

Un système gangrené par la corruption et les abus

CASMIA-G pointe également les abus à grande échelle dans la chaîne d’approvisionnement artisanale : trafic d’influence, corruption, manipulation des balances, multiplicité des taxes. Tous ces facteurs conduisent à une diminution injuste du revenu des creuseurs, car les acheteurs compensent leurs pertes en rognant sur le prix d’achat.

Enfin, la plateforme insiste sur la nécessité d’éloigner les forces de sécurité et les partis politiques des sites miniers artisanaux. Ces espaces ne doivent pas être, selon elle, des théâtres d’affrontements politiques ni de règlements de comptes armés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page