
À Kolwezi, une enquête menée par magletemps.com révèle une réalité peu discutée mais significative : après le préservatif, la pilule S figure parmi les produits les plus vendus dans les pharmacies de la ville. Ce constat interpelle, à la croisée des questions de santé reproductive, de pression sociale et de désinformation.
Une pilule à tout faire ?
Souvent désignée comme une « pilule de secours », la pilule S est couramment utilisée pour des motifs allant bien au-delà de sa vocation initiale. Certaines femmes y ont recours pour réguler leurs cycles, d’autres pour prévenir une grossesse non désirée après un rapport sexuel à risque. Mais l’usage n’est pas toujours encadré médicalement.
Jeunes femmes en première ligne
Les pharmaciens interrogés indiquent une clientèle majoritairement composée de jeunes femmes âgées de plus ou moins 18 jusqu’à 30 ans ou plus, souvent non mariées, mais aussi des hommes qui achètent pour leur partenaire. Ce réflexe d’achat révèle à la fois une méconnaissance des méthodes contraceptives durables et un besoin de solutions rapides face à des situations imprévues.
Manque d’information et banalisation
Plusieurs spécialistes de santé s’inquiètent de cette banalisation. « La pilule S n’est pas un contraceptif régulier. Une consommation répétée peut avoir des conséquences hormonales graves », avertit une gynécologue locale. Pourtant, rares sont les campagnes de sensibilisation qui informent sur ses risques ou qui promeuvent une contraception responsable.
Un miroir sociétal
Ce succès commercial de la pilule S soulève aussi des questions plus profondes sur l’accès à l’éducation sexuelle, la stigmatisation des femmes sexuellement actives et l’absence de dialogue familial. « Beaucoup de jeunes préfèrent cette option discrète à une visite dans un centre de santé », confie une pharmacienne de la commune de Dilala.
Face à cette situation, les professionnels de santé plaident pour une meilleure régulation de la vente, des campagnes d’information ciblées et un dialogue ouvert sur la sexualité et la contraception à Kolwezi. La pilule S, en tête des ventes, n’est qu’un symptôme d’un besoin plus large : celui d’une santé reproductive prise au sérieux.