Ciment à Kolwezi : Carrilu s’explique sur la pénurie et les vraies causes de la flambée des prix

La ville de Kolwezi, au cœur de la province du Lualaba, traverse depuis plusieurs semaines une pénurie de ciment qui alimente débats, spéculations et inquiétudes dans les milieux économiques.
Sur les marchés, le prix du sac de ciment connaît une hausse vertigineuse (entre 40.000 fc et 42.000fc), tandis que des rumeurs évoquent une manipulation du marché. Même la ministre provinciale de l’Économie a été interpellée à l’Assemblée provinciale sur le sujet.
Pourtant, derrière cette crise, se cachent des causes techniques et énergétiques bien réelles.

 Carrilu SAS éclaire l’opinion sur la pénurie de ciment à Kolwezi

Principal fournisseur de ciment dans le Lualaba, Carrilu S.A.S. a, dans une interview avec le Profil Magazine, accepté de répondre  pour clarifier la situation.
La société dément toute spéculation interne et attribue les perturbations à des problèmes d’énergie électrique persistants.

Selon Carrilu, la production normale requiert environ 16 mégawatts (MW) pour maintenir un rythme industriel stable.
Or, la SNEL ne fournit souvent que 5,6 à 7 MW, provoquant des coupures fréquentes et des arrêts de production.
Ces perturbations entraînent l’usure prématurée des machines et la baisse des stocks, affectant directement la disponibilité du ciment et de la chaux vive.

Une crise énergétique aux lourdes conséquences industrielles

Pour faire face à ce déficit énergétique, Carrilu active ses groupes électrogènes internes, mais cette solution est extrêmement coûteuse en carburant et ne peut durer longtemps.
L’entreprise tente aussi d’acheter du courant zambien à travers des cartes prépayées, mais la demande régionale saturée limite cette alternative.

Malgré le soutien du gouvernement provincial, la marge de manœuvre reste faible, car la SNEL dépend du pouvoir central.
Le déficit énergétique touche d’ailleurs d’autres entreprises locales, ralentissant toute la chaîne de production industrielle dans le Lualaba.

Carrilu maintient ses prix officiels malgré la crise à Kolwezi

Contrairement aux rumeurs, Carrilu n’a pas augmenté ses prix officiels.
Ce sont plutôt les revendeurs secondaires qui, profitant de la pénurie, spéculent sur le marché en revendant les sacs de ciment à des tarifs exorbitants.
L’entreprise continue d’appeler à la responsabilité des distributeurs pour préserver la stabilité des prix et éviter la désinformation auprès des consommateurs.

 Une problématique structurelle au-delà du marché

La rareté du ciment à Kolwezi est avant tout une conséquence du manque d’énergie et de la fragilité du réseau électrique congolais.
Tant que l’approvisionnement restera instable, les entreprises comme Carrilu devront alterner entre générateurs coûteux, achat d’électricité transfrontalière et gestion prudente des stocks, avec des fluctuations de prix inévitables sur le marché.

Ce défi énergétique soulève une question plus large :
la soutenabilité industrielle du Lualaba, la stabilité des prix de construction et la capacité de la province à soutenir son développement urbain et économique dans la durée.