Redevance minière de METALKOL : Les chefs coutumiers du secteur Luilu dénoncent une tentative de spoliation par la commune de Manika

Les chefs coutumiers de quatre groupements du territoire du Secteur de Luilu brisent le silence face à une rumeur persistante : la commune de Manika tenterait de s’approprier la redevance minière que verse l’entreprise METALKOL. Une démarche qu’ils jugent infondée et contraire à la législation en vigueur.
« Chez nous les Sanga, on dit Lubabo pour dénoncer ce qui ne tient pas debout. Et dans ce cas, c’est bien clair : METALKOL est installé dans notre secteur, celui de Luilu, et la loi nous donne raison », affirme le chef Kazembe, l’un des porte-voix de cette réaction collective.
Un ancrage clair dans le secteur de Luilu
Pour les chefs coutumiers, les faits sont incontestables : sur les neuf communautés impactées par l’exploitation minière de METALKOL, huit appartiennent au secteur de Luilu. L’usine de transformation, l’unité de traitement, les principaux rejets miniers, ainsi que l’essentiel des villages environnants — TSHALA, TSHAMUNDENDA, SAMUKINDA, KAMIMBI, TSHISANGAMA, KIPEPE — se trouvent tous dans le giron du groupement Kazembe, au cœur du territoire de Mutshatsha.
Les rejets exploités par METALKOL proviennent de diverses zones et se déversent principalement via la rivière Musonoie, formant plusieurs réserves concentrées dans le secteur de Luilu. « Il est donc injuste de vouloir détourner cette redevance qui sert de levier au développement local », déplorent les notables.
Un cadre légal pourtant limpide
Le décret n°22/20 du 13 mai 2022 encadre rigoureusement la collecte et la répartition des redevances minières. Ses articles 8 et 9 précisent que l’Entité Territoriale Décentralisée principale — en cas de chevauchement — est seule habilitée à initier la procédure de partage. Dans ce cas précis, affirment les chefs, « c’est le secteur des Luilu qui incarne cette ETD principale. »
L’article 14 du même décret détaille la clé de répartition, sur laquelle le secteur s’appuie pour garantir une redistribution équitable entre toutes les communautés affectées.
Appel à l’État pour la justice territoriale
Les chefs coutumiers prennent également l’exemple de l’entreprise THOMAS, où un chevauchement entre Luilu et Manika a été constaté, mais où la totalité de la redevance est versée au compte de la commune de Manika. Une situation jugée inéquitable : « Si les droits de Manika doivent être respectés ailleurs, les nôtres aussi ! », martèlent-ils.
Des recommandations fermes pour apaiser les tensions
Afin d’éviter une crise de confiance entre entités locales, les chefs coutumiers formulent les recommandations suivantes :
- Surseoir à toute démarche visant à attribuer à la commune de Manika la redevance issue de METALKOL ;
- Interdire à la Division des Mines d’émettre une note de débit en faveur de Manika dans ce dossier ;
- Réunir toutes les parties prenantes sous la coordination de la Division des Mines pour des discussions franches ;
- Demander à METALKOL de clarifier sa position et de trancher officiellement sur l’entité légitime bénéficiaire de la redevance.
Un enjeu de développement communautaire
Pour conclure, les chefs de groupements réaffirment que la redevance minière de METALKOL est essentielle au développement du secteur de Luilu : construction d’infrastructures, programmes communautaires, soutien à la jeunesse. La détourner serait, selon eux, « voler à une population ses maigres chances de progrès ».
Contactée par magletemps.com pour recueillir sa version des faits, la commune de Manika était injoignable