Suspension des Exportations du Cobalt de la RDC : Réactions de Maître Donat Kambola

Le 24 février 2025, l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS) a annoncé la suspension temporaire des exportations de cobalt en République Démocratique du Congo (RDC). Cette mesure a pour but de rééquilibrer un marché mondial saturé, où les prix du cobalt ont chuté en raison d’une surproduction. Cependant, cette décision suscite de vives critiques, notamment de la part de Maître Donat Kambola, un avocat et défenseur des droits humains, qui met en avant plusieurs préoccupations liées à cette mesure.
Un Climat d’Affaires Détérioré
L’une des premières préoccupations de Maitre Kambolaconcerne l’impact négatif de cette suspension sur le climat des affaires. L’avocat souligne que cette décision a été prise de manière unilatérale par l’ARECOMS, sans consultation préalable des autres parties prenantes du secteur minier. Cela pourrait envoyer un signal inquiétant aux investisseurs privés qui, selon lui, sont essentiels à l’exploitation des ressources naturelles du pays. Ces investisseurs, qui ont élaboré leurs stratégies à long terme, se retrouvent confrontés à un bouleversement de leurs prévisions commerciales, avec des conséquences potentiellement graves pour les projets en cours. Kambola rappelle que les entreprises privées jouent un rôle important dans le financement de l’exploitation minière, ainsi que dans le versement des taxes et des impôts qui alimentent le budget de l’État.
L’Impact sur les Revenus Locaux et l’Économie Nationale
Maitre Kambola met également en lumière les répercussions de la suspension des exportations sur les revenus des Entités Territoriales Décentralisées (ETDs), qui dépendent largement des redevances minières pour leur financement. En réduisant les exportations de cobalt, le gouvernement risque de voir une diminution significative de ses recettes fiscales, affectant non seulement les finances locales mais aussi la stabilité économique du pays. Bien que le cobalt traverse une crise sur le marché mondial, il reste une source de revenus essentielle pour la RDC, et cette suspension pourrait réduire les ressources financières vitales pour de nombreuses communautés, ainsi que pour les projets publics et les infrastructures locales.
Une Exploitation Minière Hétérogène Ignorée
Selon lui, la suspension des exportations de cobalt n’a pas pris en compte la réalité de certaines zones minières, où l’exploitation de cuivre prédomine. Le cuivre, souvent associé à l’hétérogénite, n’est pas directement lié à la production de cobalt. Il met en garde contre les effets contre-productifs d’une telle mesure pour les exploitants artisanaux, qui, depuis trois ans, ont orienté leurs activités vers le cuivre, ne produisant donc pas de cobalt. L’impact sur ces acteurs n’a pas été suffisamment analysé, et la suspension des exportations pourrait aggraver la situation économique de nombreuses communautés, déjà fragilisées par la crise du cobalt.
Une Solution à Court Terme et Insuffisante
Pour Maître Kambola, bien que la décision de l’ARECOMS vise à stabiliser les prix du cobalt, elle ne représente qu’une solution temporaire et ne permettra probablement pas de résoudre les problèmes à long terme. Selon lui, la crise du cobalt ne pourra être surmontée que par l’adoption de solutions plus globales et concertées, impliquant l’ensemble des parties prenantes du secteur, notamment les entreprises, les communautés locales et les autorités publiques.
L’avenir du cobalt et du cuivre, ressources essentielles pour le pays, nécessite une réflexion stratégique et collective, menant à une concertation entre les investisseurs, les communautés locales et les autorités nationales.