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Actes de naissance bloqués : Une machine bien huilée à la commune de Lubumbashi (Haut-Katanga) pour décourager les parents

Obtenir un acte de naissance à la commune de Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, est devenu un véritable parcours du combattant. Alors que la loi congolaise accorde un délai de 90 jours aux parents pour déclarer la naissance de leur enfant, il faut paradoxalement attendre bien plus de 90 jours pour obtenir le précieux document dans cette administration. Une situation qui interroge, indigne et ouvre la voie à toutes les suspicions.

Fait troublant : lors des cérémonies de mariage civil, les officiers d’état civil encouragent les nouveaux mariés à déclarer leurs enfants, dans le respect de la loi et de la filiation. Une recommandation logique et légitime. Mais ce que ces jeunes parents sont loin d’imaginer, c’est le calvaire administratif qui les attend une fois cette démarche engagée.

Dès leur arrivée au bureau de l’état civil, les déclarants se heurtent à une pratique désormais bien connue : on leur demande de revenir trois semaines plus tard, le temps – dit-on – que le bourgmestre signe l’acte. Une première attente longue et injustifiée. Mais ce n’est que le début.

À leur retour, les parents sont souvent confrontés à des reports hebdomadaires sans fin, sous prétexte de réunions, d’absence du signataire ou de dossiers « non encore traités ». L’attente s’éternise, sans explication claire, alimentant un sentiment d’impuissance chez les citoyens, et parfois même de découragement.

Pourtant, dans ce labyrinthe administratif, certains arrivent à obtenir leur acte rapidement, parfois en moins d’une semaine. Comment ? Par une “formule” mystérieuse connue uniquement des agents du bureau de l’état civil. Une situation qui laisse penser à une manœuvre dilatoire bien organisée, aux objectifs flous mais dont les conséquences sont bien réelles : la discrimination dans l’accès à un droit fondamental.

Et ce sont les parents et leurs enfants qui en paient le prix fort. Sans acte de naissance, impossible d’inclure l’enfant dans une couverture sociale, d’ouvrir un compte d’épargne à son nom, ou même d’obtenir un passeport. Dans les sociétés privées bien organisées, aucun droit n’est reconnu à un enfant sans preuve légale de son existence. L’absence de ce document bloque l’avenir de l’enfant dès ses premiers jours, creusant encore plus le fossé entre les familles qui “connaissent les raccourcis” et celles qui s’en remettent au service public.

Dans une société où l’acte de naissance conditionne l’accès à l’identité, aux soins et à bien d’autres droits essentiels, cette situation est plus qu’inacceptable. Il est urgent que les autorités locales se penchent sur ce dysfonctionnement, qu’elles mettent fin à ces pratiques opaques et garantissent un service public équitable et transparent à tous les citoyens.

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