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Excellence, Honorable… Quand les titres deviennent des accessoires de mode

Au Congo, il suffit d’un costume, d’un soupçon d’influence ou d’un poste flou dans un cabinet pour devenir… “Excellence”. Mieux encore, “Honorable” est désormais attribué à toute personne ayant tenté un jour sa chance aux élections, même sans jamais franchir la barre des 2 %. Une promotion sociale express, sans urnes ni décret.

Autrefois, ces titres reflétaient des responsabilités claires. « Excellence » désignait un chef d’État, un ministre ou un ambassadeur en fonction. « Honorable » s’adressait aux députés élus par le peuple, investis d’un mandat officiel. Mais aujourd’hui, ces appellations sont galvaudées, attribuées à des frères de ministres, des cousins de gouverneurs, des conseillers techniques en chef du sous-cabinet ou des hommes fortunés qui roulent en V8.

Et le peuple s’y perd. À qui s’adresse-t-on vraiment ? À un élu légitime ou à un notable autoproclamé ? À une autorité morale ou à une simple notoriété de circonstance ?

Cette inflation de titres révèle un malaise profond : notre fascination pour le prestige, au détriment du mérite. À force de distribuer les titres comme des bonbons, on dévalorise ceux qui les portent à bon droit. On oublie que ce ne sont pas les titres qui font l’homme, mais l’engagement, la compétence et le service au public.

Alors non, Excellence n’est pas un compliment de salon. Honorable n’est pas un mot de politesse. Ces mots ont un sens, une exigence, une responsabilité. À trop les banaliser, on les vide de leur substance. Et le respect qu’ils étaient censés susciter disparaît dans le vacarme des apparences.

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