Clément Mufundji, Vice-Gouverneur du Lualaba, soutient la révision de la Constitution.
Clément Mufundji, le vice-gouverneur de la province du Lualaba, a pris la parole ce mercredi 6 novembre 2024 pour sa première sortie médiatique depuis son investiture à ce poste. Cadre influent de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), il a réaffirmé son soutien total à la proposition de révision de la Constitution de la République Démocratique du Congo (RDC), portée par le président Félix Tshisekedi. Cette prise de position s’inscrit dans un contexte politique où la question de la révision constitutionnelle suscite des débats intenses à travers le pays.
Dans cette sortie médiatique, Clément Mufundji a clairement exprimé sa vision d’une révision constitutionnelle destinée à renforcer la cohésion nationale, garantir l’intégrité du territoire et lutter contre les ambiguïtés historiques liées à la nationalité congolaise. Pour lui, ce processus de révision est essentiel pour corriger les « pièges » laissés par les constituants de 2006 et pour assurer un développement harmonieux et équitable du pays, loin des clivages ethniques et des tensions territoriales.
La révision de la Constitution : une nécessité pour la protection de la nationalité congolaise
Lors de sa mise au point, Mr Mufundji a détaillé les raisons qui, selon lui, justifient cette révision constitutionnelle. L’une des préoccupations majeures évoquées est la question de la nationalité congolaise, qu’il juge mal définie et porteuse de nombreuses ambiguïtés.
L’article 1 et l’article 10 de la Constitution sont particulièrement mis en cause par le vice-gouverneur. Selon lui, la définition de la nationalité congolaise contenue dans ces articles est insuffisante et ne tient pas compte de l’histoire complexe du pays. « Notre Constitution présente certaines faiblesses », a-t-il affirmé, en soulignant que l’article 1 fait état de frontières reconnues depuis le 30 juin 1960, date de l’indépendance, alors que la RDC existe bien avant cette période, remontant à 1885, lors de la Conférence de Berlin.
Pour Mr Mufundji, cette omission de l’histoire antérieure à 1960 est problématique. Il rappelle que, pendant presque un siècle, de nombreux mouvements migratoires ont eu lieu, ce qui a conduit à des confusions sur l’appartenance à la nationalité congolaise. Selon lui, cette situation est à l’origine de nombreux conflits, notamment dans l’est du pays, où des groupes comme les Banyamulenge revendiquent leur présence et leur droit à l’espace congolais.
L’impact des articles 217 et 100 sur la souveraineté nationale
Clément Mufundji s’est aussi attaqué à l’article 217 de la Constitution, qui autorise la cession d’une partie du territoire national au nom de la paix. Il considère cette disposition comme un danger pour la souveraineté du pays, en permettant à des autorités de céder des territoires sans consulter la population ou respecter l’intégrité nationale. Ce type de clause, selon lui, pourrait exacerber les tensions territoriales, notamment dans des provinces en conflit comme l’Ituri.
L’article 100, qui fixe des critères pour l’élection du président de la République, a également été critiqué. Mr Mufundji propose de reconsidérer les conditions d’âge et d’expérience requises pour accéder à la présidence. Il estime qu’il est impératif de s’assurer que le dirigeant ait une attache profonde à la nation et une nationalité incontestée pour éviter les crises liées à la question de la nationalité et la gouvernance.
Un Parlement monocaméral pour plus d’efficacité
Par ailleurs, Clément Mufundji s’est exprimé sur la structure parlementaire actuelle. Il propose de remplacer le parlement bicaméral par un parlement monocaméral, jugeant que le Sénat, tel qu’il est constitué, n’apporte pas de valeur ajoutée dans le processus législatif. Selon lui, les discussions parlementaires devraient être concentrées dans une seule assemblée où la voix de l’Assemblée nationale serait primordiale. Cette réforme, selon Mr Mufundji, pourrait réduire les lourdeurs administratives et améliorer l’efficacité législative.
L’importance du Conseil économique et social à tous les niveaux
Enfin, le vice-gouverneur du Lualaba a défendu l’idée d’implanter un Conseil économique et social au niveau national et provincial. Selon lui, un tel conseil jouerait un grand rôle dans la gestion économique du pays en s’assurant que les projets de développement soient équilibrés et qu’aucune province ne soit favorisée au détriment d’une autre. Mr Mufundji fait référence à l’importance historique de ce conseil, qui, selon lui, était bien défini dans la Constitution de Luluabourg et devrait être réactivé dans le cadre de la révision actuelle.
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