RDC : 27 communautés de Kakanda et Lubudi réclament le retour de Boss Mining et dénoncent le pillage minier par des “intouchables”.

Vent de colère dans le territoire de Lubudi. Ce vendredi, la cité minière de Kakanda a vibré sous les pas des représentants des 27 communautés locales impactées par les projets miniers de Boss Mining. Réunis autour de leurs chefs coutumiers et encadrés par la société civile pour la paix au Congo, les manifestants ont dénoncé avec vigueur le pillage systématique des ressources minières, la militarisation illégale des sites, et la complicité de certaines figures proches du pouvoir.

Pillage, militarisation et exploitation mafieuse
Des voix fortes se sont élevées contre l’exploitation sauvage des sites miniers de Dicele, Nkella, Kiwana, Kimbalassani, Kakanda Nord, Sud, Ouest, Kimedia, Mpampala et Mukondo. Selon les manifestants, ces zones sont aujourd’hui occupées illégalement par des ressortissants chinois et libanais, opérant avec la protection de militaires en uniforme et de réseaux mafieux se réclamant proches du Chef de l’État.

« Ces mafieux, envahisseurs et voleurs défient les lois du pays. Ils bloquent les activités de Boss Mining et empêchent le développement de nos villages », a dénoncé Me Gabriel Kalenga, secrétaire exécutif de la société civile.
Les communautés affirment que des centaines de camions chargés de minerais quittent les sites quotidiennement, sans traçabilité, sans respect des normes environnementales, sans retombées pour la population locale.
Boss Mining : un acteur asphyxié
L’entreprise Boss Mining, détentrice légale des permis d’exploitation n°463, 467, 468, 469 et 2589, est aujourd’hui empêchée de fonctionner. Pourtant, elle avait signé en août 2023 un cahier de charges avec les 27 communautés de Lubudi et Kambove, visant à garantir des projets de développement local : eau potable, électricité, emploi, santé, éducation.
« Avant même ce cahier de charges, Boss Mining alimentait gratuitement Kakanda, Mwepo, Kikaka et Tambo en eau et électricité. Aujourd’hui, tout est bloqué », rappellent les représentants communautaires.
Selon eux, les jeunes se retrouvent au chômage, les revenus communautaires ont chuté, et l’insécurité s’accroît. À cela s’ajoutent des violations graves des droits humains : arrestations arbitraires, coups, fusillades, destruction de cultures, pollution de la rivière Kakanda, présence d’enfants sur les sites miniers, sans oublier l’impraticabilité de la route Kakanda-Dilambwe.



Un appel solennel au Président de la République
Dans leur mémorandum remis au chef de groupement Nguba, représentant du roi Mwenda Bantu Mulongo, les communautés exigent :
- Le retrait immédiat des militaires et des envahisseurs des sites de Boss Mining.
- La reprise rapide et sécurisée des activités de Boss Mining, dans le respect de la législation minière.
- La mise en œuvre sans délai du cahier de charges pour améliorer les conditions de vie des populations impactées.
- L’intervention personnelle du Président Félix Tshisekedi pour faire cesser cette situation jugée injuste et dangereuse.
« Nous n’accepterons pas que notre avenir soit sacrifié au profit d’une minorité mafieuse, même si elle prétend parler au nom du Chef de l’État. Nous voulons le développement, pas le pillage », conclut le mémorandum.